Une tribune de Damien Créquer, cofondateur du cabinet TASTE, cabinet de conseil en recrutement innovant qui compte aujourd’hui 30 consultants et a mené plus de 200 missions de chasse en 2020. Il a également fondé le French Talent Studio, un écosystème de partenaires experts de l’innovation au service du capital humain et de la construction des métiers du futur.
La pandémie et les plans de relance de l’économie ont créé pour l’emploi un mouvement de destruction créatrice sans précédent. De nombreux jobs peu qualifiés ont disparu, tandis que les besoins en compétences augmentent. Le moment est idéal pour les cadres souhaitant donner un nouveau souffle à leur carrière.
Attention, trompe l’œil. Avec un taux de chômage à peine supérieur à 8 %, le marché du travail semble donc parti pour retrouver, d’ici la fin de l’année, son niveau d’avant crise. Selon l’Insee, 365 500 emplois salariés du secteur privé ont disparu en France en 2020, tandis que 321 000 nouveaux ont été créés en 2021. Sauf qu’à y regarder de plus près, la situation a bien changé en deux ans…
En effet, de nombreux emplois peu qualifiés ont été détruits au cours de la période écoulée, tandis que les nouveaux postes étaient confiés à du personnel plus diplômé. L’APEC estime à 247 000 le nombre de recrutements de cadres pour l’année 2021, soit 8 % de plus qu’en 2020. Et cette tendance à la hausse ne devrait pas s’infléchir dans les années à venir, car l’emploi des cadres va se trouver durablement dopé par les mesures adoptées durant la pandémie pour redresser l’économie. Le plan de relance français, d’une hauteur de 100 millions d’euros, s’articule ainsi autour de plusieurs priorités dont le développement d’activités à forte valeur ajoutée. À ces sommes s’ajoutent les 40 milliards d’euros que le pays recevra de l’Europe sur les trois prochaines années. Au total, ce sont donc plus de 140 milliards d’investissements structurels dans l’économie qui vont être menés. Sans oublier l’argent privé, qui continue d’affluer vers nos start-ups : les jeunes pousses hexagonales ont déjà levé 4,6 milliards d’euros depuis le début de l’année. Il y a, à la clé de tout cela, des centaines de milliers de jobs.
Le boum de la tech va profiter à tous les profils
Pour l’heure, la majeure partie des recrutements de cadres s’observe dans l’informatique, l’ingénierie et la R&D ainsi que les activités de conseil. À court et moyen terme, toutes les activités technologiques vont massivement bénéficier de ces flux financiers et avoir besoin de compétences. Prenons l’exemple de la French Tech, qui a déjà le vent en poupe. Au cours du seul deuxième trimestre, pas moins de 8 nouvelles licornes ont fait leur apparition sur notre sol, telles BackMarket, Ledger ou AirCall. Le développement de l’industrie 4.0, rendu possible par celui de l’intelligence artificielle, va lui aussi contribuer à l’appel d’air. De même que le foisonnement des cleantechs accompagnant la transition environnementale ou que celui des fintechs et des medtechs. Cela signifie-t-il qu’il n’y aura de travail que pour les plus geeks des candidats ? Pas du tout. Car, en grossissant, toutes ces sociétés vont devoir s’entourer d’experts de la vente, du marketing, des RH, de la communication…
Pour les cadres désireux de donner un nouvel élan à leur carrière, c’est une période dorée qui s’ouvre. D’abord, parce que la tension sur certains métiers les place en position de force en leur permettant, par exemple, de choisir leur mode de collaboration. On parle bien sûr du télétravail (7 Français sur 8 souhaitent désormais le pratiquer à la carte) mais aussi du type de contrat. Le salariat se voit ainsi moins plébiscité, alors que le freelancing, offrant un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle, se développe au-delà des métiers de l’IT. Les codeurs ne sont désormais plus les seuls à aspirer au statut de digital nomad, et il va devenir difficile aux recruteurs d’en refuser la demande. Ensuite, parce que rebondir est l’occasion de donner davantage de sens à son activité. Entreprises à impact ou à mission se multiplient en France, conscientes du rôle qu’elles ont à jouer pour enrayer le dérèglement climatique et des attentes grandissantes de leurs clients en la matière. Au-delà d’un changement de poste, la période est donc propice à un véritable changement de vie pour les cadres qui en éprouveraient le désir. Le moment ou jamais de rafraîchir son CV, son profil LinkedIn et de soigner son personal branding.